DOCTEUR + DEBILOTNIK
Science VS Fiction
L'ART DANS CASTLEVANIA
Ca y est, vous vous dites que je suis en train de péter les plombs : "Un article sur l'Art dans Castlevania ? Et puis quoi encore ? Un article sur le marché immobilier d'Hyrule, peut-être ?". Je me permettrais de vous répondre que l'article sur le marché de l'immobilier d'Hyrule est déja sorti, alors place pour le moment à l'Art !
Contrairement à d'habitude, ici pas d'analyse structurée : ce sera plus un article à la cool, comme une promenade au musée, en passant à la loupe quelques oeuvres puisées dans 2 jeux Castlevania (les autres seront vus plus tard).
On va également voir si d'éventuels anachronismes ont pu se glisser dedans en se basant sur la date supposée de l'action dans les jeux abordés.
Nous allons aujourd'hui nous concentrer sur Super Caslevania 4 (dont l'action a lieu en 1691) et Harmony of Dissonance (dont l'action a lieu en 1748)
Allez, suivez le guide et cliquez sur les images pour les agrandir !
I) SUPER CASTLEVANIA IV
Bien que ce soit un ennemi dans le jeu, ça n'en reste pas moins un tableau au style très inhabituel pour l'époque. L'aspect repoussant, la peau violette du personnage n'est pas représentative de l'Art du 17ème siècle, surtout pour un portrait.
Ce genre de singularité pouvait quand même figurer dans des tableaux de Bosch (1450-1516) ou de Metsys (1466-1530), pour les périodes du 15ème/16ème siècle.
Peut-être une ancienne possession du Comte Dracul mais pas un tableau contemporain du 17ème siècle, en tous cas...
Le problème ici est qu'il s'agit d'un classique portrait de profil d'une femme portant une robe qui est visiblement postérieure au 15è ou 16è siècle. Le peintre était donc chargé de représenter une personne sous un angle naturel (comme il allait de soi à cette époque pour ce type de portrait formel) et non une allégorie bizarroïde plus typique du Moyen-Age.
Eventuellement, la femme représentée pourrait avoir la peau violette IRL, le peintre n'ayant fait que reproduire cette singularité. Il existe d'ailleurs diverses maladies rendant la peau violacée, comme la maladie de Raynaud, mais on ne va pas s'attarder dessus, là n'est pas le but de cette analyse.
On pourrait en tous cas qualifier cette toile de quasi-expressionniste vu l'utilisation non-naturelle des couleurs du corps.
On retrouve une similarité amusante avec une oeuvre du peintre contemporain G. Garouste qui fait usage de ce type de couleurs (en bas à gauche de l'image).
A présent, ci-contre un exemple de vanité, thème plutôt courant au 17ème siècle.
Toutefois, c'est un bien étrange tableau ici ! Avec les 3 crânes disposés de traviole, on se sent plus en présence d'une oeuvre d'Art contemporain qu'une oeuvre pré-18ème du fait de la disposition désordonnée et d'absence totale de fond, de décor formant une mise en scène.
En effet, les vanités présentaient généralement un ou plusieurs crânes disposés dans un décor d'intérieur, souvent à proximité d'objets du quotidien, ce qui n'est pas le cas ici.
Cette oeuvre possède donc un caractère anachronique.
Pour compléter la chose :
Un exemple ici de vanité ancienne.
Un exemple de vanité contemporaine : ici. Bien plus ressemblante !!
II) HARMONY OF DISSONANCE
Voici un portrait plutôt classique mais avec un cadrage très resserré, voire même curieusement trop resserré, pourrait-on dire, le sommet de la tête étant coupé.
Des tons violacés dans le fond, un choix des couleurs expressioniste : jaunâtre pour le corps, fond violacé, rouge vif pour la robe, touches vert olive.
Ce choix chromatique fort, basé sur des couleurs complémentaires utilisées avec peu de nuances, évoquent fortement l'Expressionisme (qui pourtant n'a réellement émergé qu'au 20ème siecle. Or ici l'histoire est supposée se dérouler en 1748. Nous sommes donc en présence d'une oeuvre a priori anachronique.
Un thème sanglant ici avec une scène de décollage (= décapitation) dont on ne distingue pas clairement les protagonistes ! Serait-ce un démon à droite ? La pixellisation des jeux ne permettent pas une analyse précise, dommage.
Nous avons là une référence à un thème courant dans la peinture jadis : Judith et Holopherne, dont le tableau le plus célèbre est celui du Caravage. (Illustration ICI) (et sa version modernisée ICI).
Ou bien serait-ce une référence aux nombreuses décapitations infligées par Vlad Tepes, alias Dracula, à ses ennemis ? Ou encore une référence ironique à la propre mort de Vlad qui a fini lui-même décapité ?
Allez savoir... Il faudrait que je pose la question aux mecs de Konami, tiens !
Qu'avons-nous ici ? un oeil. juste un oeil ! Nous entrons là dans une forme d'art moderne !
Un tel thème, ciblé sur une portion du corps sans autres ornements ni éléments décoratifs n'est absolument pas crédible pour l'époque. Bel anachronisme, donc !
En définitive, se promener dans le château de Dracula n'est pas éloigné d'une visite d'un musée tant la richesse des oeuvres proposées est large (peintures, vitraux, statues).
Mais ce qui marque le plus est l'hétérogénéité des styles : on passe de toiles religieuses à des portraits profanes, des paysages et de bien étranges allégories poussant parfois jusqu'à effleurer l'abstraction !
Nous continuerons cette petite exploration sur un autre jeu que nous n'avons pas abordé aujourd'hui : Circle of the Moon !
Sachez qu'à partir d'aujourd'hui le rythme de publication des analyses va s'accélérer, histoire de vous faire plaisir un peu plus que d'accoutumée !
Il devrait y avoir entre 2 et 3 analyses par semaine au lieu d'une !
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